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Émancipation (de la dissonance)

Signifiant l'action de s'affranchir d'un lien ou d'un état de dépendance, ce mot sera utilisé par Arnold Schoenberg pour désigner une tendance musicale qui consiste à ne plus considérer les dissonances comme devant faire l'objet d'une résolution harmonique. L'« émancipation de la dissonance » consiste de fait à abandonner la notion traditionnelle de la tonalité au profit de la musique atonale.

Émancipation et musique atonale

La musique atonale comprend les compositions caractérisées par l'« émancipation de la dissonance » et le rejet de toute hiérarchie tonale, ce qui va à l'opposé du fondement de la grammaire musicale, et plus précisément de la théorie de la musique occidentale sur laquelle repose le classique et la quasi-totalité des courants musicaux actuels. Son emploi constitue donc une remise en cause fondamentale de la conception de l'écriture envisagée jusqu'alors.

Se développant au cours du 20ᵉ siècle, l'atonalité va engendrer une phase déterminante dans le langage créatif du musicien, dont la référence demeure la musique contemporaine. Introduite par Arnold Schönberg et ses élèves Anton Webern et Alban Berg, elle produit des atmosphères sombres et torturées par l'utilisation intensive de sonorités jugées dissonantes.

En rejetant les distinctions hiérarchiques entre les notes qui servent à constituer les modes et tout ce qui en découle, l'atonalité, en délaissant les lois harmoniques, n'oblige plus le compositeur à résoudre les tournures jugées dissonantes en consonances. C'est vis-à-vis de cette contrainte que l'« émancipation de la dissonance » prend tout son sens.

Dès lors, il ne s'agit plus d'opposer la dissonance à la consonance, puisqu'elle n'a pas lieu d'être. L'utilisation de la gamme chromatique, qui ne repose sur aucune tonalité, constitue à elle seule le point de départ d'une œuvre qui pourrait être atonale. Cependant, le désir de construction pousse le compositeur à introduire des hiérarchies. Le dodécaphonisme sera l'une d'elles. Dans cette subtile dimension entre rigueur et liberté, l'« émancipation de la dissonance » en est le pivot.

Face à une plus grande impunité d’utilisation du matériau sonore et en raison des libertés que la musique atonale suscite vis-à-vis des habitudes ancestrales, elle soumet le musicien, mais également l'auditeur lambda, à l'acceptation de couleurs musicales particulièrement difficiles d’accès pour des oreilles non averties.

Une des raisons principales de ce manque d'écoute provient certainement du passage extrêmement rapide et brutal entre les tournures traditionnelles de la musique tonale et celles de l'atonalité, encore que celle traduite par Arnold Schönberg ne s'affranchisse pas du demi-ton, c'est-à-dire de l'accord tempéré. Quoi qu'il en soit, l'atonalité réclame une certaine familiarisation et une prise de distance vis-à-vis de ses habitudes d’écoute musicale.

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