Mis au point durant une répétitionprécédant un enregistrement ou un concert, le « head arrangement » implique certains aménagements mélodiques ou/et harmoniques dictés oralement. Pour l'essentiel, il se rencontre dans le domaine des musiques dites « vivantes » comme le jazz ou le rock.
À la base, la construction d'un arrangement abouti exige le plus souvent l'utilisation des écritures. Généralement, il permet de gagner du temps en organisant la distribution des rôles pour chaque instrument d'un orchestre. Plus ou moins complexe, son architecture permet de dispatcher un résultat sonore polyphonique avec pour point de départ une mélodie et des harmonies issues d'une composition.
Néanmoins, certains agencements sont parfois nécessaires en fonction de circonstances particulières qui se révèlent lors de répétitions ou au dernier moment, provoquées par l'absence d'un ou de plusieurs membres de l'orchestre ou suite à un événement exceptionnel au cours d'une soirée, par exemple. C'est à ces occasions que l'arrangement de tête intervient.
L'arrangement n'ayant pas pour seule vocation de modeler la palette instrumentale à sa guise en suivant les données préétablies ou conventionnelles, il agit également sur les cellules rythmiques, le tempo, tout en introduisant de temps à autre des instruments sortis des sentiers battus. Ces mises au point, partagées entre l'arrangeur et les musiciens de l'orchestre, sont comme des réglages qui s'effectuent oralement lors des répétitions.
Le « head arrangement » prédomine dans l'histoire du jazz, de façon aussi fondamentale que son autre support : l’improvisation. Avec cette liberté qui le caractérise, le jazz aborde l'habillage des standards en faisant parfois appel à la mémoire des musiciens, aux échanges d'idées instantanées en lieu et place de l'exécution écrite, proche de la notion classique d’orchestration. Cependant, la notion de structuration de certains thèmes et de leur développement impose d'avoir recours aux écritures et pas uniquement pour les big bands. Même dans le cadre d'un trio ou d'un quartette, l'esthétisme d'un jazz plus ou moins épuré fait appel aux écritures.
Dans le jazz, l’arrangeur est avant tout un musicien autodidacte ou non, fréquemment un compositeur, qui assoit son style en laissant derrière lui une signature qu'il espère reconnaissable. À divers degrés, citons Count Basie, Benny Carter, Dizzy Gillespie, Duke Ellington, Gil Evans, Quincy Jones, Michel Legrand, John Lewis et Gerry Mulligan. Si l'arrangeur écrit des orchestrations, il n’exclut surtout pas l’improvisation des solistes. Leurs interventions servent alors de « fenêtres ouvertes et aménagées » servant de trait d'union entre les différentes phases de l'arrangement.