Quand une partition mentionne « fill » ou « to fill », le musicien est libre d'improviser. Pour lui, cela se traduit par une fonction de « remplissage », comme le développement d'un break par un batteur.
En usage dans les musiques populaires et les chansons, le « fill » est un terme anglais désignant un bref passage venant soutenir le déroulement d'un morceau entre deux phrases d'une mélodie ou entre deux parties distinctes d'une pièce musicale, comme peuvent l'être un couplet et un refrain. Généralement improvisé, il ne dure ordinairement qu'une ou deux mesures.
Contrairement aux « riffs » qui se répètent et qui viennent renforcer la voix ou l'instrument soliste par des contre-chants, la plupart du temps, les « fills » sont indépendants de la mélodie et varient au cours de leurs diverses interventions, comme c'est le cas habituellement au changement de couplet ou quand arrive le refrain.
Dans ce bref passage qui tourne à vide, où rien de particulier ne se déroule musicalement, ce sont les instruments rythmiques d'accompagnement (batterie, basse, guitare...) qui se chargent d'illustrer la couleur du « fill » à la chanson. Les « remplissages » se distinguent aussi quand un des instruments de musique devient un substitut mélodique du chanteur dans ce court instant improvisé.
D'une certaine façon, le « fill » est là pour marquer la fin d'une partie. Toutefois, son usage non réglementé dépend avant tout de l'intention des musiciens de le réaliser. Généralement, l'indication « To Fill » est mentionnée sur la partition et offre dans ce cas aux musiciens concernés d'y apporter leur grain de sel.
Dans le « scat », qui est un chant improvisé que l'on rencontre dans le blues et le jazz, un « fill » s'exprimera avec les mêmes intentions qu'un instrument, alors que dans le hip-hop, il consistera en un scratch rythmique sur platine exécuté par un DJ.
Dans les faits, chaque type de musique, rock, country, jazz, etc. possède sa propre manière de présenter le « fill » et les musiciens doivent adapter leur technique en conséquence de façon que leur intervention cadre parfaitement avec l'esprit musical du passage qui précède et celui qui suit. Suivant le contexte, cette transition peut se dérouler en douceur ou être nettement abrupte quand la relance est justifiée par un changement de ton, comme le démontre fréquemment le passage d'un couplet en demi-teinte vers un refrain dynamique. Pour autant, cela ne signifie nullement un changement de tempo.
Le point essentiel à retenir est que le flux de la musique ne doit en rien être sacrifié à la technicité du « fill ». Néanmoins, et concernant les instruments harmoniques, ceux-ci s'accordent pour que leur « remplissage d'accords » s'interconnecte entre eux. Le « fill » étant habituellement improvisé, il ne doit pas, bien entendu, rimer avec cacophonie. D'ailleurs, dans certains styles comme le bluegrass , les interprètes sont plus susceptibles d'utiliser des passages formatés. Certains groupes vont même plus loin en employant des « fills » écrits en accord avec l'identité des chansons.
La fonction « Fill-In » est présente sur certains claviers électroniques. Elle permet en cours de jeu de produire une cassure rythmique synchronisée (un break). Cela signifie que lorsque l'utilisateur lance la commande « Fill-in » en cours de mesure, le programme est conçu pour ajuster, caler et modifier le rythme en conséquence afin qu'il se termine correctement.
Cette fonction vient surtout en aide au musicien, notamment dans un jeu live. Indirectement ou plutôt involontairement, le « Fill-in » permet de rompre la monotonie de la boucle rythmique produite par l’accompagnement automatisé. Dans les purs claviers conçus à cet effet, et contrairement aux workstations pour lesquels il peut être programmé, le « Fill-In » est toujours lancé manuellement.