Expression utilisée pour désigner un musicien ou un orchestre qui a trouvé un véritable équilibre rythmique (in the groove). L'expression provient de la musique afro-américaine (soul, funky...). Pour les musiciens de jazz, c'est une façon de jouer en avant, de pousser dans le tempo : c'est le swing. Si un morceau donne envie de danser, on prétendra qu'il « groove ».
« Être dans le rythme » est parfois utilisé pour définir le groove, une sensation qui agit sur la réceptivité des corps à bouger. Le terme est apparu avec la musique populaire afro-américaine, et plus particulièrement avec le courant rythmique du jazz des années 1930 se référant à l'école du swing basé sur des rythmes ternaires, et dont les chefs de file étaient Count Basie, Bennie Goodman, Lionel Hampton et Glenn Miller, entre autres.
Toutefois, cette idée du groove répond à cette époque de manière intentionnelle en définissant une pulsion caractéristique appartenant à un style de jazz, généralement interprété en big band, et destiné le plus fréquemment à faire danser. Le groove est alors basé sur une dynamique spécifique appliquée à un motif rythmique régulier, le « shabada ».
Néanmoins, la « théorie du groove », telle qu'elle se définit de nos jours, est récente. L'apparition des rythmes, façon James Brown, formulée par l'association batterie-basse et par le renfort d'une section de cuivres, apporte déjà une première approche d'un groove définissable. Pour autant, c'est à travers la musique funky des années 1970 que le terme a pris sens en conjuguant d'un trait commun les rythmes et harmonies jazz, soul et blues.
De nos jours, le groove est mis à toutes les sauces, s'infiltrant dans les musiques R'nB et rap, sans autre raison que de donner aux morceaux qui le détiendraient cette sensation incontrôlable de bouger les pieds et la totalité du corps.
Pour les musiciens, le groove émane d'une dissociation rythmique provoquée par la naissance de diverses syncopes légèrement décalées d'une part, dans laquelle interviennent de temps à autre la basse et la caisse claire, et la pulsation principale sur le temps (« on the beat » étant l'expression consacrée) avec la grosse caisse en particulier, d'autre part.
Cette définition sommaire illustre une façon de détacher imperceptiblement le caractère répétitif du rythme de base, éminemment commun. Le groove tourne ainsi autour du tempo, et ce, sans qu'il l'accélère, procurant au même instant l'illusion que le morceau avance vis-à-vis du « fond du temps ». Pour les musiciens, cette expression du jeu rythmique produit un « état » indéfinissable. C'est un ressentiment communicatif indispensable à la vitalité de nombreuses musiques, dans la mesure où elles peuvent l'adapter à leur propre vocabulaire instrumental.
Pour comprendre ce qu'est le groove, il ne faut pas le dissocier du sentiment éprouvé qui conduit le corps à remuer et à danser. Cela signifie qu'il s'apparente davantage à une sensation émotionnelle qu'à une approche purement étudiée du rythme. L’envie de bouger agit au niveau cérébral par l'écoute d'une formulation musicale recevable, transmissible. La sensation provoquée par le groove doit agir dynamiquement sur le système moteur du cerveau, dans lequel prennent part certaines structures nerveuses.
Il est donc impératif que l'action de « gesticuler » au son d’une mélodie soit coordonnée au rythme de la musique. Celui-ci est tenu d'être suffisamment syncopé, mais sans revêtir une complexité excessivement importante pour ne pas nuire au désir naturel de danser ou de remuer la tête en cadence.
La mise en relation avec le groove est due, pour une part non négligeable, à la prévisibilité temporelle d'un rythme simple pouvant placer en corrélation directe la personne avec celui-ci, et à laquelle s'ajoutent des prédictions temporelles inattendues qui complexifient le message rythmique dans sa continuité. Cette opposition agit ainsi sur les repères auditifs de la personne.
En outre, la sensation du groove est apportée par le taux des syncopes, par leur intensité, leur nombre et par leur position dans les cellules rythmiques, sans compter le tempo qui constitue son centre névralgique amplificateur.
La connexion avec le groove s'établit au mieux sur un tempo modéré, autour de 120 pulsations par minute. C'est généralement à ce taux de pulsation que l'effet d'entraînement est le plus influent. C'est là que le balancement rythmique conduisant au groove est perceptible et peut être analysé par le cerveau humain. Des rythmes soutenus, par exemple à plus de 180 BPM, diminuent la sensation du groove et la font disparaître. Le plus souvent, pour retrouver un semblant de repères à des tempos vifs, le rythme s'ouvre proportionnellement à des figures autrement simplifiées et hypnotiques.
Fonction équipant certaines boîtes à rythmes et séquenceurs permettant de déplacer en arrière ou en avant du temps un groupe de notes ou de mesures afin de rompre l' aspect « métronomique » de ces appareils, donnant ainsi l'illusion d'un jeu plus humain. La fonction « groove », parfois mentionnée « swing » sur les BAR, est paramétrable en mode édition, ce qui permet de définir un pourcentage de décalage fixe ou aléatoire, autour des cellules rythmiques enregistrées.