La harpe est un instrument de musique à cordes pincées. Avec la flûte et certaines percussions, elle est l'un des instruments parmi les plus anciens. Son origine remonterait à l'an 12 000 avant J.-C. environ, bien que les premiers vestiges de la harpe aient été trouvés du temps de la Mésopotamie vers 3 500 av. J.-C. Pratiquée par les musiciens de l'Égypte antique et de Babylone, elle s'est répandue à travers les diverses civilisations jusqu'à devenir un instrument universel, présent sur tous les continents sous différentes formes et fabrications.
En Europe, les premières traces de l'instrument sont présentes en Écosse aux alentours du 9ᵉ siècle après J.-C. et en Irlande pendant le haut Moyen Âge. C'est à cette époque qu'elle devient triangulaire et qu'elle sera dotée d'une colonne qui relie la console, là où s'accrochent les cordes au bas de la caisse de résonance.
La plupart sont de forme triangulaire et munie de cordes tendues dont la hauteur sonore est proportionnelle à leur longueur, les courtes produisant les notes les plus aiguës. Leur nombre varie en fonction de la technique de fabrication et du style de musique auquel elle est destinée, ce qui conduit l'instrument à posséder des tailles distinctes. C'est un instrument asymétrique, contrairement à la lyre dont les cordes sont tendues entre deux montants parallèles.
Du temps de la Renaissance, l'instrument est encore diatonique, mais le désir de voir la harpe devenir chromatique provoque de profonds changements dans sa fabrication. L'un des plus importants bouleversements sera le mouvement à fourchettes qui va permettre à la harpe de rivaliser avec les autres instruments chromatiques. Née de l'imagination du facteur de pianos Sébastien Érard, au tout début du 19ᵉ siècle, la harpe à pédales ou harpe classique n'aura de cesse d'évoluer pour devenir le modèle le plus sophistiqué.
Harpe
Depuis le 19ᵉ siècle, la « harpe classique » figure régulièrement dans les orchestres symphoniques et dans les ensembles de musique de chambre. Elle s'illustre notamment dans les écritures orchestrales destinées aux musiques de films.
De nos jours, la harpe classique est généralement constituée de :
1. Sept pédales. Chacune des sept pédales de la harpe modifie les sept notes de la gamme sur toutes les octaves. Les trois premières pédales sont réservées au pied gauche, tandis que les quatre autres sont manipulées par le pied droit. Sur les harpes Érard, une huitième pédale est adjointe et permet d'augmenter la puissance du son en ouvrant les volets de la caisse de résonance.
2. D'une couronne. Elle est destinée à supporter avec la colonne l'effort de tension des cordes.
3. De 47 cordes. L'ensemble des cordes permet d'avoir une tessiture de six octaves. La matière utilisée diffère selon le registre. Alors qu'une majorité de cordes est habituellement en boyau, celles qui concernent les deux octaves les plus graves sont en métal avec un filetage en cuivre déposé sur une âme en acier, tandis que celles les plus aiguës sont en nylon.
L'extrémité inférieure de chaque corde passe dans un minuscule œillet, situé dans la table d'harmonie, sur laquelle elle est nouée et fixée. À l'extrémité supérieure, elle est attachée à une cheville d'accord, comme pour le piano. Une clé permet de tourner chaque cheville pour modifier la tension des cordes et donc la hauteur du son.
4. De 94 disques. Chaque corde passe entre les fourchettes de deux disques placés l'un au-dessus de l'autre. Le fait d'appuyer sur une pédale fait pivoter l'un des disques ou les deux et élève la note d'un demi-ton ou d'un ton.
Pour permettre au harpiste de repérer visuellement les notes, certaines cordes sont revêtues de couleurs distinctes : les « do » sont en rouge et les « fa » sont en noir ou en bleu. De même, pour jouer les altérations musicales, l'interprète utilise les pédales reliées aux cordes pour en modifier la longueur, mais sans en modifier la tension ; leur mécanisme ne fait que réduire la longueur vibrante de la corde.
En savoir davantage : LA HARPE ET SON HISTOIRE, DE LA TECHNIQUE AU JEU SUR L'INSTRUMENT (sur cadenceinfo.com).
Bien plus qu'un quelconque instrument traditionnel, cette harpe répond à la culture classique celtique. Elle possède généralement 32 à 38 cordes. Aisément reconnaissable grâce à son arc, toujours cintré, le modèle est cordé en métal, tel qu'on le trouvait au Moyen Âge, en Irlande et en Écosse.
Si l'instrument de facture médiévale se joue avec les ongles, son évolution répond désormais à un autre usage. Qualifiée aujourd'hui de « néo harpe celtique », elle est cordée en boyau ou en nylon et se joue avec la pulpe du doigt, ce qui provoque une technique de jeu proche de celle rencontrée avec le modèle classique.
Comme pour la harpe à pédales, certaines cordes sont habituellement colorées. Des crochets ou palettes sont fixés près de la partie supérieure de chaque corde et permettent de modifier leur hauteur d'un demi-ton pour jouer les altérations.
La harpe celtique pratique un vaste répertoire qui englobe les musiques traditionnelles et savantes d'origine irlandaise, écossaise et bretonne, mais aussi des œuvres issues des courants jazz, pop, électro-rock, voire métal. La harpe celtique se révèle parfaitement à sa place quand elle s'emploie pour accompagner un(e) chanteur(teuse).
Des modèles répondant à différentes cultures se sont répandus à travers les continents. Certaines ont résisté à l'épreuve du temps, quand d'autres ont complétement disparu. Parmi celles encore présentes, citons :
La harpe mexicaine ou harpe andine. Importé par les conquistadors au 16ᵉ siècle, c'est un modèle diatonique qui possède près de quatre octaves pour 1,50 m de longueur. La harpe andine est un instrument d'importance pour le patrimoine musical péruvien, de même que pour toute la cordillère des Andes.
La harpe paraguayenne. Elle est proche de la précédente. En taille, ce modèle est à mi-chemin de la harpe des Andes et de celle européenne. Celle-ci comporte de 32 à 46 cordes en nylon réparties autour de la ligne médiane de la tête de harpe pour équilibrer les forces de tension. Un chevillier pour l'accordage est adjoint.
La harpe birmane ou saung. Elle appartient à la famille des « harpes coudées ». D'une conception assez rudimentaire, son origine remonte au 8ᵉ siècle et, de fait, elle représente l'une des plus anciennes harpes encore pratiquées de nos jours.
Les harpes arquées africaines. Elles sont fort nombreuses et réparties sur plusieurs ethnies et pays, et se déclinent sous diverses formes : naviforme, semi-ovoïde, ovale, rectangulaire, etc. Elles sont usitées pour accompagner le chant. L'ennanga, le kundi et le seto constituent les principaux modèles.
Les harpes-luths. C'est un modèle de harpes hybrides ayant la forme et les caractéristiques d'un luth, mais pratiqué avec la technique de jeu du harpiste, comme la Kora ou le Bolon.